Ce texte apporte plusieurs points intéressants en lien avec le rapport au réel lors de l’écriture d’un roman. En fait, je suis d’accord avec Chantal Guy dans la mesure où je crois que la fiction et l’imaginaire devrait avoir entièrement leur place dans la littérature tout comme ils l’ont en arts visuels ou au cinéma. En tant que lecteur, je préfère lorsque je peux m’approprier un roman en y apportant ma propre interprétation, ce que l’autofiction empêche systématiquement. J’aime bien lire des romans qui se basent sur des histoires vraies quand il s’agit d’un roman qui a été écrit par un auteur dont je veux en apprendre plus, un peu comme une biographie, mais sans plus. J’ai plus de plaisir et d’intérêt à lire des nouvelles ou des romans de fiction qui me proposent des histoires complètement inventées et qui me laisse suffisamment de place en tant que lecteur pour pouvoir participer à l’œuvre. Je crois que la fiction pose encore problème à certaines personnes lorsqu’il s’agit, comme dans la nouvelle La maison de Marie-Hélène Poitras qui avait suscité la colère des habitants du village, d’un texte qui contient à la fois une part de réel et une part de fiction. Les lecteurs, lorsqu’ils se rendent compte en lisant un roman qu’une partie de ce dernier est vraie, qu’elle est belle et bien réelle (dans le cas des habitants de Rivière-Bleue, ils ont compris que c’était véritablement leur village qui était décrit, mais transformé), n’acceptent pas qu’il y ait également une part de fiction qui s’y mêle, comme si la coexistence des deux leur était impossible, comme si les auteurs ne pouvaient pas partir d’un monde existant pour y apporter un brin d’imaginaire.
Comme le souligne Nancy Huston, c'est peut-être notre rapport à la réalité qui crée cette fausse dychotomie entre réalité et fiction : ce qu'on appelle réalité tient beaucoup plus de la fiction que ce qu'on croit. Cela rend la frontière entre réalité et fiction très poreuse.
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